comportementalisme
Comportementalisme :
Boires et déboires en société
C’est vrai que quand on m’invite à prendre un café quelque part, il y a toujours un moment où çà dérape, en général, c’est souvent moi qui dérape et pourtant je fais attention, mais en vain.
J’ai l’art ( et la manière) au moment où on s’y attend le moins, de plonger l’assistance dans la plus totale consternation (et en général, mon mari regarde ailleurs très concentré par un détail du papier peint ou un brin d’herbe lorsque nous sommes en terrasse) jusqu’à ce qu’un héros me sauve du ridicule en entamant un sujet totalement inadapté avec ce qui avait précédé et qui m’avait encore une fois (à l’intérieur de moi-même)fait hurler de rire… et par là-même endossant le ridicule de la situation à ma place…
Faut dire qu’en cette période sombre peu propice à l’humour, on est jamais si bien servi que par soi-même.
Je dois vous avouer pour ma défense que je ne le fais pas systématiquement exprès. Mais quelque fois, il y en a qui le cherche et me trouve. Cela se termine souvent par un :
« T’as pas le chien à aller promener ? On dirait qu’il veut sortir ! »
Je ne suis pas aveugle, je vois bien que le chien dort profondément et là, je sens que je suis encore allée trop loin…
Maintenant, je me sens mieux, j’ai de la concurrence, Dr House est de retour, merci aux scénaristes de m’avoir trouvé un alter ego, ce n’est pas mon entourage qui me contredira.
Même mes beaux-parents prennent du Lexomyl quand ils viennent nous voir, très rarement je dois vous rassurer, depuis la fois où j’ai failli ’étrangler mon beau-père, je sais, ce n’est pas bien, je ne le referai plus, promis, d’ailleurs il garde maintenant une distance de sécurité en ma présence, comme quoi, il est devenu plus prudent.
Quelques exemples, je sais que je vous ai mal habitués et votre voyeurisme sordide ne doit en aucun cas vous faire perdre vos bonnes manières.
J’étais invitée (si si çà arrive encore) à une réunion d’artistes, en général, je refuse ne sachant trop quelle y est ma place…Bon, mon amie insiste pour me présenter ses amis.
Mouaip, les amis de mes amis ne sont pas forcément mes amis…mais …
J’arrive dans un intérieur très déco, vide, y’a rien qui traîne…oups, on m’a fait une blague, mais non, c’est normal, c’est tout le temps comme çà ici.
Il y a un géant écran géant d’ordinateur sur un plan de travail immensément vide et blanc avec un minuscule clavier sans fil et une ridicule petite souris sans fil.
_ « Ouah, la classe, comment çà marche ? » Je demande poliment.
La maîtresse de maison tout en me faisant un nespresso (sans George Clooney, on ne peut pas tout avoir), me répond d’un ton condescendant :
« C’est le dernier Mac que mon mari m’a offert, une petite fortune »
Et moi, pardon, je sais, je ne le referai plus, je rétorque :
« il ne s’est pas foulé ton mari, il ne t’a pas pris la tour qui va avec »
Consternation générale : « mais enfin Eleonor, c’est un Mac, la tour est intégrée à l’écran !! »
_ Désolée…
« T’as pas le chien à aller promener ? On dirait qu’il veut sortir ! »
J’arrive cette fois-ci à l’improviste chez une amie divorcée qui déjà recevait une amie divorcée. Moi, évidement, je me sens nulle, je n’ai jamais divorcé, je ne peux pas comprendre, forcément.
Je me sens tout de suite de trop mais j’ai trop besoin d’un café, pas de bol, elle me sert du thé Yunnan Tuocha (déjà, la dernière fois, elle avait eu la gentillesse de m’expliquer que cela ne tuait pas les chats) car cela aidait à maigrir, bon moi je ne pèse pas lourd, je ne me sens pas spécialement concernée mais je fais la « lourde » car je vois qu’elles veulent que je parte ,donc je reste pour goûter à ce curieux breuvage qui me change du Bourgueil.
Franchement c’est degueu surtout sans sucre pour aider à mincir…
Un des thèmes de la discussion concerne les peintres en décor et les fresques « a fresco », ma copine avoue après que ce n’est pas facile à vendre à ses clients.
Moi qui essaie vainement d’avaler le « tue aux chats », je me méprends sur le sens de la phrase et pense à Stéphane Plazza dans « Maison à vendre », je lance :
« c’est vrai qu’ils repassent tout au blanc avant de revendre pour tout dépersonnaliser et vendre plus vite »
Consternation générale :
« Eleonor, les fresques fresco coûtent au minimum 500 Euros le m2, il faut des heures pour les réaliser, on en trouve par exemple dans les chapelles en Italie, il n’y a que deux personnes qui en vivent en France tellement le marché est réduit »
« T’as pas le chien à aller promener ? On dirait qu’il veut sortir ! »
On est invité un soir à un apéritif dinatoire chez des amis écolos. Ça tombe bien, j’ai vendu ma dernière voiture de course l’année dernière, rien que le bruit de l’échappement leur auraient fait me jeter des pierres. Nous venons dans notre vieille pétoire gazoual qui pue, mais qui dit « développement durable » dit « ne pas jeter », or, jusque là, çà va.
Un des invités a apporté un petit vin bio fort sympathique qui passe très bien, trop bien.
« Alors, Eleonor, ce petit vin bio, tu vois que tu peux apprécier ce qui est bio quand tu veux !
_ Oh moi tu sais, je ne suis pas bio, je suis dégradable, » je lui réponds avec ma tête de cancéreuse (personne n’osait évoquer auparavant mon état de santé déplorable à cette période)
Malaise général
« T’as pas le chien à aller promener ? On dirait qu’il veut sortir ! »
Je croise un groupe d’amis « hommes modernes branchés », chacun se vante de son dernier i-Phone, l’autre de son dernier i-Pod, le dernier de son dernier i-Pad, et moi qui sort :
« moi, j’ai bu ma dernière Heineken, hier »
« Il est sympa ton chien, on dirait qu’il veut aller se promener plus loin »
Je ne sais pas pourquoi z’ont pas d’humour les gens que je côtoie au quotidien, heureusement comme le dit la célèbre réplique du film « un air de famille » :
« Un chien ne te décevra jamais »
Ps : j’en ai des tonnes comme çà mais là, je n’ai plus le temps de vous les raconter, je dois vraiment sortir le chien…
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)