comment j'ai échoué à l'examen du cancer
Comment j’ai échoué à l’examen du cancer
Après un baccalauréat à 17 ans et un palmarès sportif prestigieux à 19 ans, je m’estimais bien lotie pour affronter l’avenir et l’adversité. Que nenni !!
Il faut avouer que j’ai toujours été à la pointe de la mode :
_ Look californien dans les années 80 : beau palmarès sportif.
_ Look trader dans les années 90 : belle carrière d’assistante de direction.
_ Look mère au foyer d’une famille nombreuse dans les années 2000 : 3 beaux enfants en 4 ans.
_ Look cancéreuse dans les années 2010 : échec !
Mon premier échec !
Pourtant j’avais tout pour réussir :
Frottis avec dysplasie de haut grade → biopsie→ conisation.
Mammographie avec adénome → biopsie → mastectomie
(Le 11 septembre, date à bannir totalement de votre agenda médical, car comme les Twin Towers, votre monde s’écroule)
Toux chronique et asymétrique terrorisant votre entourage familial et le corps médical → scanner → arrêt du tabac (sauf que je ne fume pas ni mon entourage ?).
Si possible, j’ai essayé d’accumuler les épreuves sur le même trimestre, c’est mieux !!
Je gagne un temps précieux parce que désormais il m’est compté, et en plus, j’accumule les radiations pour me préparer à l’attaque de Tepco.
D’autre part, avec mon mari au chômage « longue durée » suite à un licenciement abusif par un patron voyou et mon fils ainé en échec scolaire, j’avais toutes les chances d’augmenter ma réussite pour obtenir mon diplôme « es cancer ».
Après avoir joué au chat et à la souris avec les médecins pour gagner du temps avant de me retrouver en longue maladie (oui, je sais mon mari est bien au chômage longue durée, lui), mes revenus, certes maigres avant mon arrêt maladie, sont désormais squelettiques tout comme mon apparence.
Lorsque mes propres amies s’escriment à perdre 2 kilos en 6 semaines d’anorexie, je suis capable de perdre 9 kilos en 4 mois sans régime, sans privation, sans frustration et cela en pleine période de fêtes.
Quelques conseils pour les novices comme moi de ce genre de situation :
_ N’espérez aucune aide de votre famille ou de votre belle famille.
Votre propre famille vous reproche et vous culpabilise de les rendre malade à cause de tous les soucis que vous leur faîtes.
Votre belle famille se contentent de vous demander si çà va durer longtemps vos enfantillages parce que là, vous ne pouvez plus subvenir aux besoins de votre mari et de vos enfants, vu que leur propre fils (votre mari) est au chômage.
_ Vos amis s’inquiètent pour vous, enfin surtout de ce que vont devenir votre mari et vos enfants livrés à eux-mêmes sans cuisinière, pousseuse de caddies remplis à ras bord (puisque vous avez une famille nombreuse pour ceux et celles qui auraient oublié le début de l’histoire), lavandière, repasseuse, aspiratrice de poussière, laveuse de sol, gérante d’un compte bancaire vide ( beaucoup plus difficile à gérer qu’un compte bancaire bien garni et là, vous remerciez votre passé de trader parmi les requins de la finance qui composent les banques) etc. …
_ Vos ennemis se réjouissent.
C’est ce dernier point qui vous pousse non pas à lutter contre le cancer, cela ne sert à rien, il est plus fort que vous, un conseil, fuyez… contournez, biaisez, mais ne l’affrontez pas, c’est un pervers, patient, perfide, latent ...
Ne baissez jamais votre garde dans votre fuite !
Après avoir été capturée par le corps médical, vous serez « harponnée », c’est le terme exact pour une biopsie ou un repérage sous échographie de votre tumeur avant exérèse.
Depuis, je vous encourage à manifester ouvertement contre la chasse aux baleines puisque vous aussi connaissez la souffrance de ces pauvres mammifères, spécificité des esquimaux (tout à coup vous vous réjouissez du réchauffement climatique qui fait fondre leur banquise) et des japonais (les séismes, tsunamis, radiations vous vengent) vous et toutes les baleines harponnées par la cruauté.
C’est l’hiver et il est long !
Quand, enfin, après avoir été harponnée, biopsée, conisée, droguée, anesthésiée, scanerisée, etc.…on m’annonce que finalement malgré tous les bons éléments du départ qui jouaient fortement en ma faveur, je suis, à la plus grande déception du corps médical qui croyait en moi, je suis recalée, nada, rien, je suis totalement inapte au rang de cancéreuse.
un conseil pour les débutants :
_ Ne pavanez pas devant le corps médical, il déteste cela et vous octroie royalement 6 mois de répit avant le prochain check-up, un poste en CDD de 6 mois de survie renouvelable à foison autant de fois que vous ne faîtes pas l’affaire.
Ma vie s’échelonne désormais en semestres gagnés !!
Mes amis ont du mal à cacher leur jalousie devant mon incroyable perversion à survivre alors que tant d’autres s’obstinent à remercier les équipes médicales anticancéreuses dans les avis de décès quotidiens du journal local.
« Merci ? Non, de rien, il n’y a pas de quoi ! »
Par leur étonnement face à autant de malchance, mes amis prennent un air contrit pour me rassurer : « tu verras la prochaine fois, ce sera mieux ».
Mes meilleurs amis se rassurent en me prédisant qu’il n’y aura pas de prochaine fois, ils mentent si mal, mes vrais amis que çà me fait mal.
Mes ennemis sont verts de rage, le cancer a échoué là où eux aussi avaient échoué. « Mais que faire pour se débarrasser d’elle (de moi) ? »
Ni les calomnies, ni les agressions physiques et verbales, ni les nuisances diverses et variées, ils ont tout essayé, se sont attaqués à mes enfants, mon mari, pas à moi, je suis inattaquable de face, même Kadhafi aurait renoncé… C’est leur rage, leur impuissance, leur frustration qui me réjouit plus que tout.
Parce qu’affronter la contrition, la pitié, la peur (leur propre peur) dans le regard des autres, c’est navrant de platitude.
Dieu est amour, jésus nous aime.
Amen
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